Sénat
Dans la matinée, sur Public-Sénat, un documentaire, « Cité Sénat », consacré au Sénat, à son histoire, à sa fonction, à son fonctionnement. Intéressants commentaires de Jean-Noël Jeanneney sur le bicamérisme.
Faudrait-il, dans une constitution révisée, maintenir ce dispositif ? Sans doute, parce qu’il donne du dynamisme et de l’élasticité au travail législatif. Sans doute aussi, s’agissant de la France, parce-qu’il est désormais bien installé dans les usages politiques et constitutionnels de notre pays.
Le bicamérisme, pour fonctionner de façon utile et paisible, appelle cependant l’affirmation de la prééminence législative d’une assemblée sur l’autre, en l’occurrence celle de l’Assemblée nationale sur le Sénat. Il est, par ailleurs, d’autant plus serein que le mode d’élection respectif des députés et des sénateurs est différent. Je crois, pour l’Assemblée nationale, au caractère bien enraciné du scrutin d’arrondissement à deux tours. C’est le nôtre actuellement. Il définit des majorités claires tout en permettant, par le jeu des désistements, des alliances limpides. Je ne crois pas opportun de le mâtiner de ces « doses de proportionnelles » dont l’expression seule est déjà horrible. C’est en revanche au Sénat qu’il faudrait intégralement réserver la proportionnelle, dans le cadre de circonscriptions régionales, les Français de l’étranger formant une circonscription spécifique. On aurait intérêt à ne pas procéder à l’élection des députés et des sénateurs le même jour, comme c’est le cas en Italie mais, par exemple, à faire coïncider les sénatoriales et les régionales puisqu’elles auraient pour cadre la même base territoriale, la Région, le tout bien sûr, au suffrage universel. Cette formule assurerait aux formations politiques minoritaires, mais cependant consistantes, la possibilité équitable d’accéder à une représentation parlementaire…
Musée d’histoire de France
Hier, dans Libération, interview de Hans Ottomeyer par Vincent Noce. Le directeur du Deutsches Historisches Museum, souligne que c’est toujours dans les périodes où un pays a vivement ressenti la nécessité de reconstituer une mémoire partagée qu’ont été créés les musées d’histoire. En France, le musée de Louis-Philippe au château de Versailles s’est proposé, dans le lieu qui fut par excellence celui de la Monarchie absolue, de démontrer l’unité de l’histoire de la France malgré les avatars politiques de ses modes de gouvernement successifs, la Monarchie, la Révolution, l’Empire, continuant, chacun à sa manière, la même histoire, celle de la Nation Française, que la Monarchie de juillet ambitionnait de récapituler. A Berlin, ce sont les drames du XXè siècle, la guerre de 1914-1918, la dureté du traité de Versailles, la fragilité de l’expérience démocratique de la République de Weimar, l’avènement du nazisme, la guerre qui a ravagé l’Europe, la persécution des Juifs, la défaite, une fois encore en forme d’apocalypse, la séparation de l’Allemagne entre l’Est et l’Ouest, jusqu’à la chute du mur de Berlin… qui ont rendu cet exercice de ravaudage d’une mémoire blessée nécessaire.
La France a-t-elle besoin aujourd’hui d’un tel traitement culturel de son inconscient historique ? C’est sans doute la question qu’on doit se poser avant d’avancer plus avant dans le projet d’un nouveau musée d’histoire de France. Comme souvent, dans notre pays, face au sentiment d’une nécessité, on accumule des initiatives plutôt que d’en prendre une de façon délibérée. Dans l’ordre du partage de la mémoire, plusieurs initiatives ont déjà été prises au cours des dernières années, celle du MUCEM de Marseille (pour souligner la solidarité des civilisations du Nord et du Sud de la Méditerranée), celle de la Cité de l’immigration (pour illustrer les apports des immigrations successives à l’édification de l’identité humaine et culturelle de notre pays). Tout cela relève en fait, sans qu’une cohérence générale soit définie, de la même démarche.
Hans Ottomeyer souligne par ailleurs, dans son interview, le fait que l’histoire, si elle peut être évoquée dans un musée, c’est bien par la recherche qu’elle s’écrit et dans les bibliothèques qu’elle devient accessible. J’ajouterai que c’est à l’école qu’elle se partage.
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