Je vais à Senlis pour le mariage du prince Jean de France, duc de Vendôme avec une jeune fille espagnole, Philomena de Tornos. Je roule de Versailles à Senlis. Après la porte de la Chapelle, dans le grand virage de l’A1, juste après le Stade de France, se découvre la basilique de Saint-Denis. Hier Reims, aujourd’hui Versailles et Saint-Denis… c’est le souvenir de la vieille monarchie capétienne qui se propose à ma mémoire. A Senlis, dans cette ville au charme désuet intact, c’est la famille du prince, dont les armes sont celles des Dauphins de France, qui se retrouve. Les Orléans, bien sûr, autour de leur aîné, le Comte de Paris, père du marié, les Bourbons d’Espagne représentés par la sœur du roi, Pilar qui ressemble « de façon foudroyante » (c’est elle-même qui le dit) à Louis XIV (en précisant que sa sœur Margot ressemble encore plus au roi soleil), les « Belgique » qui descendent de la fille de Louis-Philippe, Louise (les princes Philippe et Laurent et leurs femmes), les Deux-Siciles, les Bragance... Le Duc d’Anjou et ses partisans (dont semble-t-il les Bourbon-Parme) ne sont apparemment pas là, sans doute pour ne pas cautionner par l’acceptation du protocole de placement, le droit des Orléans à représenter la maison de France qu’ils revendiquent également… La République est représentée par la garde des Sceaux, Rachida Dati (qui a marié civilement les époux), le Ministre du Budget, maire de Chantilly où la réception a lieu. Le Maire de Senlis accueille. Le Maire de Vendôme, Mme Catherine Lockhart, est venue… Devant l’église un petit attroupement de sympathisants dont les « Manants du Roi », avec leur bannière. La musique de la cérémonie, réglée par Vincent Berthier de Lioncourt, fait largement appel au répertoire du Grand Siècle. La cérémonie s’ouvre d’ailleurs sur une marche de Lully, de notre grand Lully, celui de Versailles. La messe est célébrée par l’Evêque de Fréjus-Toulon, Monseigneur Dominique Rey et Monseigneur Philippe Brizard, directeur général de l’Œuvre de l’Orient (la quête est d’ailleurs faite pour cette œuvre et pour l’orgue de la Cathédrale qui, nos oreilles en témoignent, en a grand besoin).
Je ne suis pas persuadé que la prétention au trône ait encore un avenir dans un pays où l’éventuel besoin de monarchie est déjà satisfait, de façon républicaine, par l’ordre constitutionnel. Je suis néanmoins toujours respectueux de cette famille qui, malgré les épreuves de son histoire, ancienne et récente, continue d’incarner un vaste pan de l’histoire de notre pays et de sa Nation. Chez les Orléans s’exprime, de surcroît, de manière que leurs actuels héritiers ne doivent pas oublier, ce désir d’adhérer aux réalités politiques, économiques, sociales, culturelles des temps modernes. C’est cette adhésion qui a marqué, au XIXe siècle, la fracture entre cette famille et la « branche aînée », qui s’éteignit dans le Comte de Chambord et qui s’adonna à une stérile nostalgie d’un passé révolu. Les Orléans ont incarné le libéralisme politique. C’est cette tradition-là qui constitue le meilleur de leur patrimoine.
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