Je lis, dans le journal pour la période 1939-1942 de Joseph Goebbels, récemment publié par Tallandier (le premier volume, pour la période de 1933-1939 a été publié en 2007), à la journée du mardi 2 juillet 1940, ces lignes où se dévoile la mégalomanie haineuse du sinistre auteur :
« Hier : Paris sous un soleil complet.
…
Chambre des députés. Une écurie. Le Luxembourg. Déjà mieux. Quai d’Orsay. C’est là qu’on a fait la politique germanophobe.
…
L’après-midi, Versailles. Le château semble avoir beaucoup souffert. Mais dans un état normal, il doit être beau. Galerie des glaces. Pour l’heure, on dirait une grange. C’est là qu’un jour on a condamné l’Allemagne à mort. Et elle s’est relevée malgré tout.
Mais ces Louis étaient tout de même de grands hommes. Le Trianon. Résidence de fin de semaine des Louis. C’est ce que j’aimerais sans doute avoir, moi aussi.
… »
Récemment, un jeune historien, Fabien Opperman, est venu me remettre sa thèse consacrée à l’image et la perception du Château de Versailles au XXe siècle. Je vais essayer d’en soutenir la publication. Cet intérêt pour l’histoire contemporaine du château est passionnant. Il contribue utilement à l’histoire générale de ce lieu hors du commun.
Je consacre la fin de l’après-midi à une longue promenade dans le grand parc dont j’essaie de suivre, autant que possible, toutes les limites. Nombreux promeneurs. Je rappelle que sur les 738 ha du domaine de Versailles (Château, places, cours, et dépendances en ville comprises) 537 sont ouverts gratuitement d’un bout à l’autre de l’année aux visiteurs. Cela souligne le caractère disproportionné et orienté des critiques qu’on lit parfois sur l’instauration récente d’un « droit d’entrée aux jardins ». Ce droit ne s’applique qu’aux 96 ha des jardins de Trianon, domaine très fragile dont la récente replantation appelle une raisonnable protection. Il s’applique également, les jours des Grandes Eaux, du matin jusqu’à 17h30 seulement, aux 77 hectares du Jardin du Roi qui entoure le château, ce qui m’a permis de mettre fin au disgracieux barriérage réalisé avec des barrières de police qui, jusqu’alors, pendant toute la haute saison, matérialisait la séparation entre le public qui avait acquitté un droit d’entrée à ces Grandes Eaux et le public des simples promeneurs. Il aurait été illégitime de considérer que ce barriérage était tolérable dans un jardin historique de cette qualité qu’il faut, je l’ai déjà écrit, considérer comme un « palais extérieur » et non pas comme une aire de loisir.
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