Europe
Cette journée serait la journée de l’Europe, au lendemain donc de ce 8 mai où l’Europe s’est à la fois sauvée d’une horrible maladie et où elle s’est, pour 50 ans, une nouvelle fois, blessée et fracturée.
Je retrouve ces lignes écrites il y a un an, le vendredi 9 mai 2008, en revenant de Köln :
« Je quitte Cologne par un beau temps qui ne boude plus un instant mon voyage retour à travers ces terres mérovingiennes qui s’étendent du Rhin à la Seine, à la frange septentrionale de l’Empire romain. L’Empire romain a été un empire méditerranéen dont le cœur était bien cette mer intérieure autour de laquelle les colonies grecques s’étaient déjà établies comme des grenouilles autour d’une mare. Ce sont les invasions barbares qui feront l’Europe en associant à l’Europe romanisée du sud, l’Europe du nord et de l’est, patrie de ces « barbares » et notamment des germains. Ce nouveau territoire géographique et culturel s’est singularisé grâce à une double fracture, fracture avec la Rome d’orient, grecque et orthodoxe, et fracture avec le sud de la Méditerranée que l’islamisation allait amarrer au destin du monde arabe pour de longs siècles alors que jusqu’au royaume des Vandales c’était bien au destin de l’occident méditerranéen qu’elle s’était trouvée associée.
Le trajet du Thalys de Cologne à Paris témoigne de ce que fut cette formidable confrontation entre les cultures germaniques et romaines. On est là sur l’une des frontières linguistiques de l’Europe. Les langues germaniques, l’Allemand et le Flamand, ont repoussé vers le sud la prépondérance des cultures romanisées dont témoigne le Français, devenu langue des francs (ou du moins de leurs descendants) ayant adoptés la langue, la religion et les rêves de leurs vaincus.
Même si elle détermine le présent, cette histoire, pas plus qu’aucune autre, n’est définitive. L’Europe, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, a bien d’abord été romano-germanique puis catholico-protestante avant que l’adhésion à l’Union Européenne, de la Grèce, de la République Tchèque, de la Slovaquie, de la Roumanie et de la Bulgarie l’ouvrent au monde orthodoxe et très largement au monde slave. S’ouvrira-t-elle un jour au monde aujourd’hui musulman dont elle a si longtemps partagé le destin, au monde de l’Afrique du Nord qui lui donna Cyprien de Carthage et Augustin d’Hippone ? Au monde turc qui depuis le 15 mai 1453, depuis la défaite donc de Constantin XI, fit partie de son horizon le plus intime. La question est délicate. Elle heurte des convictions et des préjugés à la fois. Elle ne peut faire l’impasse sur le fait qu’au cours de plus de dix siècles l’Europe s’est soudée dans la résistance à l’Islam, de la bataille de Poitiers à la bataille de Vienne au moins et même à l’indépendance de la Grèce. Même si ces luttes sont éteintes – encore que le souvenir de Sarajevo en montre le caractère brûlant – elles déterminent encore profondément les sensibilités de l’Europe contemporaine ».
1945
Que faisait ma mère ce 9 mai 1945 ? Je me rends compte que je ne lui ai jamais parlé de ce qu’avait été sa vie, avant moi, sa vie du 16 septembre 1918 au 2 octobre 1946, ou plus exactement à cette nuit du réveillon, du passage de 1945 à 1946 où elle me conçut. C’est par un certificat de baptême que m’avait remis le curé le Hargarten au moment de ses obsèques, que j’ai su qu’elle s’était mariée, religieusement donc, avant guerre, avec un certain Gaston Raynal, né à Perpignan. De ce catalan, je ne sais rien et n’ai jamais rien su. J’appelle ma sœur Dominique pour l’interroger. Peut-être ma mère lui aurait-elle parlé ? Elle me dit ne rien savoir de plus que moi. J’interrogerai mon cousin Hubert, plus âgé que moi. Pendant la guerre, lui, sa sœur Micheline et ses parents, Tata Mimi et Nonon Robert, vécurent en Corrèze. Ils y avaient été expulsés de la Lorraine annexée par les Allemands. Mes grands-parents et ma mère, eux, restèrent à Metz. C’est curieux de chercher à savoir maintenant, alors que tous les témoins de cette époque ont disparu ou presque.
Bretagne
Magnifique temps de beau printemps sur la Bretagne. Sortie à Locquirec. Une galerie s’est ouverte dans ce beau village, la Galerie Réjane Louin. On peut parfois s’attendre au pire dans ces galeries de bord de mer… Là, miracle ! Réjane Louin choisit de montrer de jeunes artistes qu’elle sélectionne de façon attentive et scrupuleuse. Je m’arrête longuement devant les œuvres de Christophe Robe (né en 1966 dans le Calvados). Il peint de petits formats qui tiennent à la fois de la sensibilité Nabi et de l’attention à la réalité de la figuration narrative.
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