Dans la matinée, les circonstances font que ce sont deux grands monuments de Versailles qui se proposent à ma visite.
Tout d’abord, le Grand Commun dont le chantier avance à grands pas. Ce bâtiment, au pied du château, est désormais remis en dotation à l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles qui y a mis en œuvre une belle restauration. Chef-d’œuvre de Mansart (dont une exposition du Musée Carnavalet célèbre le génie et le troisième centenaire de la mort), cet édifice avait, depuis la fin de l’Ancien Régime, connu diverses affectations dont celle, la dernière, d’hôpital militaire, l’hôpital Larrey. Abandonné par la Défense, le bâtiment a été confié au château qui y logera l’ensemble de ses services scientifiques, administratifs et techniques. C’est ce regroupement qui permettra la réorganisation complète de l’accueil du public dans l’aile Dufour qui sera également dotée d’espaces d’expositions temporaires. Deux architectes sont associés sur ce grand chantier qui vient de bénéficier d’une rallonge de crédits de 3 M€ au titre du plan de relance : Frédéric Didier pour la partie monument historique et Bernard Desmoulin pour les aménagements intérieurs. Dans quelques jours nous choisirons l’artiste qui réalisera le « 1 % » de cette opération. Une consultation a été ouverte à ce sujet. Le chantier permet dès à présent de se rendre compte de l’éclat nouveau que cette restauration donnera à ce bâtiment où, comme son nom l’indique, étaient, avant 1789, installés les services attachés au fonctionnement de la résidence royale. Je confie à ce blog deux photographies : celle d’une partie de la cour avant restauration et celle d’une autre partie après restauration des murs et des huisseries. Le beau travail accompli sous la responsabilité de Frédéric Didier permettra de revoir le bâtiment dans sa splendeur d’origine. Un passage souterrain, creusé sous la rue de l’Indépendance Américaine, établira une communication directe entre le Grand Commun et le château. C’est fonctionnellement indispensable. Les travaux de ce creusement perturbent inévitablement la circulation automobile. J’en suis désolé pour ceux qui en subissent le désagrément, mais leur indique que le chantier sera achevé avant l’été. De toute manière il serait convenable, qu’à terme, la circulation automobile soit mieux organisée dans le quadrilatère des rues Pierre de Nolhac, de l’Indépendance Américaine, Saint Julien et des Récollets, sans doute réduite à une seule voie, ce qui permettrait d’élargir les trottoirs et de donner plus de confort aux piétons dans ce quartier magnifique.
Le hasard fait que le même jour il m’est donné, une porte ayant été ouverte, de pouvoir approcher l’Hôpital Richaud, fermé depuis plus de dix ans, et installé, depuis le XVIIIe siècle dans un bâtiment exceptionnel, chef-d’œuvre de d’Arnaudin. Je sors de cette visite impromptue effrayé ! Le bâtiment, désormais confié à France Domaine, menace purement et simplement ruine. Les fenêtres sont cassées. Plusieurs pans de toiture ont disparu. Des décors ont été arrachés par des pilleurs. Des « squats » ont été dégrader jusqu’à cette partie tout particulièrement précieuse qu’est la Chapelle…
Il y a quelques mois, j’avais accepté de rejoindre un comité de défense de l’hôpital. Je l’avais fait par principe, sans m’imaginer que le désastre était aussi navrant. On le vérifiera en voyant les quelques photographies que j’ai rapidement faites.
C’est donc un S.O.S. que je confie à ce blog. France Domaine doit très rapidement savoir remettre ce chef-d’œuvre à un investisseur qui y mettra en œuvre sa restauration et cela pour un usage compatible avec son architecture. Il y a quelques années, le Ministère de la Justice avait pris l’option d’y installer la Cour d’Appel de Versailles avant d’y renoncer. C’est bien dommage. Je comprends, de manière générale, le souci de France Domaine de valoriser le patrimoine immobilier et foncier vacant de l’Etat. On doit cependant également savoir considérer que certains bâtiments obligent à une responsabilité patrimoniale particulière. C’est le cas à Richaud. S.O.S. donc !
Dans la soirée je continue ma vaste entreprise de tri de mes livres et papiers personnels. J’ai déjà remis plus de mille livres, notamment des livres avec envois autographes, à la belle Bibliothèque municipale de Versailles que dirige avec talent Marie-Françoise Rose. Je suis sur le point d’y ajouter un ensemble de manuscrits de journalistes, artistes, écrivains, hommes politiques… Je suis heureux de savoir que ces traces d’une vie rejoindront les collections d’une institution publique où elles réjouiront des lecteurs ou des chercheurs éventuellement. Par-delà même ma mission à la tête du château de Versailles, j’ai donc aménagé à ma mémoire, une demeure dans l’Hôtel des Affaires étrangères où loge la Bibliothèque de Versailles qui a recueilli, lors des dispersions révolutionnaires, tant d’éléments du patrimoine du château.
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