Plaques minéralogiques
Annonce de la nouvelle composition des plaques minéralogiques des automobiles. Les propriétaires pourront y faire figurer le numéro d’un département de leur choix surmonté du logo de la région où il se trouve. Ce « jugement de Salomon » permet de donner satisfaction à la fois au choix d’une immatriculation permanente identifiant tout véhicule « d’un bout à l’autre de sa vie », quelle que soit la domiciliation de son propriétaire, et à celui de conserver une référence aux départements, menacée un moment de disparaître, ce qui avait suscité un véritable tollé.
Plaque d'immatriculation française (à partir du 15 avril 2009)
Ces logos des régions dessinent cependant un vrai désastre graphique. Certains sont la transcription, plus au moins heureuse, des armoiries traditionnelles de la région (Corse, Alsace, Midi-Pyrénées…). La Bretagne a adopté le « drapeau breton » (le Gwen-ha-Du) de création pourtant relativement récente (1937). La plupart de ces logos est, par ailleurs, issue d’un acte de création graphique contemporain, parfois convaincant (Ile-de-France), le plus souvent lourdingue et puéril. Deux d’entre eux utilisent le même symbole du cœur, sans doute pour bien montrer que la région « a du cœur »…
On met là le doigt sur le ratage quasi général des initiatives prises par les collectivités locales - communes, départements, régions - de se doter de symboles graphiques identifiants dont la conception a progressivement remplacé les anciennes références héraldiques. Peu de communes, encore moins de départements, ont eu la main heureuse. La France est désormais le territoire d’un vaste « fourbis » graphique à vrai dire assez consternant. Il y aurait une vraie entreprise de rétablissement d’une dignité graphique des collectivités locales à mettre en œuvre ! Pour ce qui est des régions, ne faudrait-il pas, qu’à travers leur association, elles définissent un cahier des charges général (référence à des traditions héraldiques ou création graphique symbolique) et qu’elles engagent une consultation graphique commune dont l’unique lauréat aurait vocation à dessiner le symbole de chacune des régions ? On disposerait ainsi d’un arsenal graphique cohérent qui contribuerait à l’émergence des identités régionales alors que le navrant désordre actuel ne les sert pas beaucoup.
En savoir plus : 15 avril 2009 : vers de nouvelles plaques pour les véhicules (Service-public.fr)
La plupart de nos régions disposent de magnifiques armoiries, symboles forts d'identification enracinés dans l'histoire de chacune depuis des siècles, comme les alérions en Lorraine, le fleurdelisé en Ile-de-France, le lion en Franche-Comté... Alors pourquoi ne pas s'en servir? Il ne viendrait pas l'idée aux états-régions des républiques fédérales d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse, etc (états-régions qui se respectent eux!) de se faire représenter par de vulgaires logos d'emballage. On connaissait la voiture-yaourt. Elle est maintenant estampillée par les régions-yaourts. Ce n'est pas par hasard si l'Alsace, frontalière de ces pays, est l'une des rares régions de France à choisir pour ses plaques minéralogiques l'écusson héraldique plutôt que le logo. Cette histoire de logos est à mon avis littéralement symbolique du statut précaire, faible et peu respectable dans lequel on cantonne les régions françaises, dont on a régulièrement tenté d'effacer et renié toute légitimité historique.
Rédigé par : O.H. de Metz | 18 mai 2009 à 16:32