Parc de Trianon
Dans la matinée, j’arrête le dispositif d’abattage, dans le parc de Trianon, des jeunes arbres qui ont été attaqués par le bupreste. Je le fais avec déchirement. Hier après-midi, nous avons pu avec Daniel Sancho, directeur du patrimoine et des jardins, Pierre-André Lablaude, Architecte en chef des Monuments historiques et Alain Baraton, responsable des jardins de Trianon, Véronique Ciampini et Bernadette Lorrain du service des travaux et un expert indépendant, Patrick Bujon faire le point sur la situation. Deux allées plantées en 2006, l’allée de Gally et l’allée du Réservoir, sont très cruellement attaquées par l’infestation de cet insecte et de ses larves. Les arbres sont rabougris, leur cime a dégénéré, des nodules disgracieux déforment des branches qui dépérissent… Pour ces deux allées, nous prenons la décision d’un arrachage systématique des plants. Les bois et déchets coupés seront brûlés de façon à réduire la population de buprestes sur le domaine. Pour le reste du parc, nous choisissons la formule d’un traitement moins radical, en pratiquant sur les arbres atteints des tailles sanitaires, en tentant, par d’autres tailles, de redonner du port à leur structure déséquilibrée, en observant tout au long de la prochaine saison leur évolution, en espérant que la croissance de ces arbres leur permettra de recouvrer une meilleure résistance aux parasites.
Tout cela est navrant. Les pieds atteints sont des charmes et des tilleuls. Quelle est la cause de cette épidémie ? Les arbres ont-ils souffert au cours de leur transport entre la pépinière et Versailles ? Ont-ils été plantés trop grands (des pieds de 12 ans environ) ? Le printemps très chaud de 2006 leur a t’il imposé un stress défavorable à leur bonne reprise et les a t’il rendu vulnérables aux attaques de parasites ? Ont-ils manqué d’arrosage pendant le printemps et la belle saison, très chaude, de cette année 2006 ? Il conviendra de tenter d’apporter à ces questions des réponses assurées de manière à en tirer des leçons pour l’avenir, en faisant la part entre les accidents exogènes difficilement répressibles (une invasion générale d’un certain type de parasites sur un territoire) et les incidents consécutifs à des partis pris d’exploitation ou à des négligences. Quoi qu’il en soit, il est également nécessaire de s’interroger sur la responsabilité des entreprises qui ont fourni ces arbres, les ont transportés, les ont plantés et ont garanti les bonnes conditions de leur reprise.
Voyage dans l'Est
Je passe l’après-midi à Metz pour siéger à la commission permanente du Conseil régional de Lorraine dont je suis membre depuis 2004. L’ouverture de la ligne TGV rend désormais possible le miracle d’un aller-retour Paris-Metz en une demi-journée. Le voyage dure à peine 1h30, le temps de lire, de réfléchir, de se plonger dans un dossier, de rêvasser en regardant le paysage se dérouler sous vos yeux, ce paysage peu saillant où se succèdent la Champagne « humide », puis la « pouilleuse », un peu de l’Argonne, la campagne meusienne traversée par la vallée du fleuve qui est encore une humble rivière (on pense à Péguy « Adieu Meuse endormeuse et douce à mon enfance… ») le revers de la côte de Moselle, puis son front, avant de descendre vers la vallée de la Moselle pour arriver rapidement à la gare Wilhelmienne de Metz, après avoir revu les vestiges de l’aqueduc gallo-romain de Jouy aux Arches qui conduisait l’eau jusqu’à Divodurum (nom romain de Metz).
Commission permanente elle aussi peu saillante. Le Président Jean-Pierre Masseret n’est pas là. La séance est présidée par Jean-Yves Le Déaut, député de la Meurthe et Moselle et vice-président de notre assemblée. L’ordre du jour est « ordinaire ». Comme toujours, il enfile une cascade de délibérations portant sur les subventions accordées, dans le cadre des programmes d’intervention de la Région inscrits à son budget annuel. J’aimerais qu’en fin de séance on récapitule, à chaque fois, le montant global des « subsides », comme on dit en Belgique, accordés. On serait sans doute impressionné par les sommes dépensées et on se demanderait plus systématiquement si toutes ces dépenses, quel que soit l’argument qui peut soutenir la légitimité de détail de chacune d’entre elles, concourent utilement au bilan stratégique des actions de la Région. La question du « mille-feuille territorial » et du meilleur ordonnancement des compétences de chacun des degrés d’organisation territoriale n’est pas purement rhétorique. Elle renvoie aussi à celle, fondamentale, de l’utilité et de l’efficacité de l’action publique.
Ma collègue, Nadine Morano, Ministre de la Famille, participe à cette commission permanente. Elle arrive de Paris. Nous évoquons ses projets ministériels. Tout à l’heure, elle partira pour sa circonscription de Toul. Elle y verra les militants de son parti, ses enfants, et devra sans doute présider quelque réunion ou quelque cérémonie…
En quittant Metz, je revoie, par la fenêtre du train, le chantier du Centre Pompidou-Metz. Le mât central qui soutiendra le « chapeau » conçu par Shigeru Ban pour recouvrir son bâtiment est quasiment achevé. Petit à petit, le bâtiment prend forme.
Alain Decaux
Dans Le Figaro, publication de larges extraits de la conférence de carême qui sera prononcée par Alain Decaux à Notre-Dame. Elle est consacrée à Saint-Paul. J’envoie un SMS de félicitation à Alain que nous appelons « Tonton Croco » depuis qu’un petit garçon l’a, en Bretagne, affublé de ce sobriquet en référence aux chemises Lacoste que l’académicien aime porter l’été (et qu’il porte élégamment).
Alain Decaux est resté un jeune homme curieux, affable, enthousiaste. Jamais il ne traduit l’éventuelle fatigue que lui infligerait un âge désormais significatif. Il parle de tout, de sa vie et du reste, avec grâce et drôlerie, de l’incarcération de Sacha Guitry dont il fut le secrétaire, de son expérience gouvernementale quand il fut le ministre de la Francophonie de Michel Rocard, de ses livres, de ses projets et, bien sûr, de l’Académie française, dont il est l’un des piliers.
Cérémonie des Césars
Dans le même journal, lecture d’un article plein d’esprit d’Eric Neuhoff à propos des Césars, « Petit comparatif entre Paris et Hollywood ». L’auteur écrit « il ne faut pas hésiter à rappeler que les Oscars copient les Césars depuis 1949. Des esprits distraits objecteront que ces derniers n’existent que depuis trente-quatre ans, mais ce serait ignorer la notion de plagiat par anticipation… ». Il met ainsi le doigt sur cette manie gauloise de se vouloir souvent à l’origine de tout, ce nombrilisme qui, déjà, faisait écrire à La Fontaine « Dieu, dans son infinie bonté, a voulu que les grenouilles trouvassent leurs coassements beaux… ». Ségolène Royal n’a pas échappé à ce petit travers quand elle a déclaré que Barack Obama s’était inspiré de sa campagne… Lequel d’entre nous ne s’est jamais laissé aller à ce petit travers de caractère national ?
Ce soir, en effet, cérémonie des Césars, cérémonie au sens propre du terme, avec ce que ce mot a d’empesé, d’artificiel et de barbant. Plus de deux heures d’émotions vraies et feintes, de sentiments sincères ou convenus, d’autocélébration par une profession de ses mérites, de ses succès et de ses bons sentiments, cérémonie d’une effroyable longueur et qui, pourtant, fascine le public qui la regarde sur Canal+, pour s’y repaître de vedettes, de stars et de starlettes. Le palmarès est de circonstance. Il exalte les exclus et les marginaux, Séraphine et Mesrine, comme pour bien marquer que « le cinéma, c’est la vie ».
En 2004, ladite cérémonie marqua l’apogée médiatique de la protestation des intermittents contre le ministre de la Culture, c’est-à-dire contre moi. La soirée ne fut qu’un enchaînement de mises en cause, plus ou moins délicates. Drôle de sensation de se retrouver, seul, au milieu d’une salle largement hostile et organisée à l’être. Il n’y a rien à faire sinon à attendre, à patienter et à tenter de penser à autre chose, sans espérer la moindre marque de sollicitude de la part des organisateurs de la soirée, à l’époque (et toujours) présidée par Alain Terzian dont je savais déjà qu’il ne fallait attendre ni courage ni élégance.
Cette soirée de 2004 scella mon destin ministériel. En évoquer le souvenir achève d’en exorciser la détestable blessure. Je tiens cependant à préciser, qu’avant 2004, je trouvais déjà ces soirées, plus encore que celles des Victoires ou des Molières, qui ont conservé un peu de cordialité spontanée, mortellement ennuyeuses. Au moins, depuis cette date, plus rien ne me contraint d’y assister, ce qui me permet d’aller au cinéma, au théâtre ou au concert comme un simple péquin, pour le seul plaisir d’apprécier le talent de grands et de moins grands artistes, sans être enquiquiné par qui que ce soit.
Monsieur,
Vous n'avez toujours été qu'un simple péquin.
Rédigé par : Jean François Boisadan | 10 mars 2009 à 19:59
Bien sûr ! Et je compte bien le rester.
Tâchez de le devenir !
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 12 mars 2009 à 17:12