La mort du hêtre
Le service des jardins de Trianon m’informe que le grand hêtre pourpre planté en 1786, n’avait pas résisté aux fortes rafales de la semaine dernière. Déjà fragilisé par la tempête de 1999, il n’aura orné le parc de Trianon que dix ans de plus.
Le grand hêtre pourpre, © Christian Milet / EPV
Conférence du Figaro
Dans la soirée, j’ai accepté de répondre à l’invitation des « Grandes Conférences du Figaro » animées par Sara Yalda, écrivain d’origine iranienne. En m’accueillant au Théâtre de la Madeleine, elle m’offre son roman Regard persan. De 7 à 800 personnes se pressent sur les sièges du théâtre. On m’installe à une petite table posée à l’avant-scène, devant le rideau qui se lèvera plus tard sur Serial Plaideur de Jacques Verges. Je parle bien sûr du château de Versailles, de son histoire, de ses projets, de ses besoins. Le public semble intéressé.
Jean-Marie Rouart
De retour chez moi, à vrai dire un peu patraque, je parcours les journaux de ce lundi. J’allume la télé et tombe sur l’émission de Mireille Dumas « Vie privée, vie publique » sur France 3. La séquence consacrée à Jean-Marie Rouart s’achève. J’aime la liberté de penser et d’agir de cet homme. Il l’a montré en animant avec talent une véritable campagne en faveur de la révision du procès d’Omar Raddad.
Patricia Kaas
Mireille Dumas accueille ensuite Patricia Kaas qui parle de son enfance à Forbach, de son père mineur, de ses frères et sœurs, de sa mère trop vite disparue, du bassin houiller de Lorraine, ce monde dur où les gens ne parlaient bien ni le français ni l’allemand, et s’adonnaient au « platt », ce patois que les linguistes considèrent désormais comme une langue, le Francique, proche dit-on de la langue ethnique des Francs… Patricia Kaas est bien consciente de cet inconfort linguistique qui a longtemps caractérisé beaucoup des habitants de cette région et qui, souvent, les caractérise encore. Elle en a conservé une très grande pudeur à parler. C’est sans doute pour cela qu’elle est plus à l’aise quand elle chante. Elle le dit d’ailleurs avec une touchante sincérité.
Le monde de son enfance, je le connais. Il a été le mien, de façon encore plus caractérisée puisque le temps m’a donné quelque avance sur elle. Ma mère, Anne-Marie, est née en 1918, le 16 septembre, à Hargarten-aux-Mines, sujette de l’empereur d’Allemagne Guillaume II, puisque l’Alsace-Moselle était, à ce moment-là, encore annexée au Premier Empire allemand. Sa mère, Anna-Gertrude est née, dans le même village en 1889. Bien que « réintégrée de plein droit dans la nationalité française » après le retour de l’Alsace-Lorraine à la France, elle ne sut jamais parler le français. Elle lisait le « France Journal », édition en langue allemande du « Républicain Lorrain ». C’est en « platt » que nous nous parlions et qu’elle parlait à son mari, mon grand-père, Jacques, né à Wadgassen, dans l’actuelle Sarre, à une époque où la frontière n’existait pas. Mon arrière-grand-mère maternelle, Elisabeth Danner était, elle, née en 1869, sujette de l’empereur des Français, Napoléon III, pour peu de temps, puisque la défaite de 1870 allait bouleverser le sort de son village. Chaque famille est ainsi témoin de sa propre histoire et, souvent, de celle du monde. La familiarité avec l’histoire en général passe aussi par la reconquête, par chacun, de son histoire personnelle et des racines qu’elle trouve dans les générations dont il procède.
Proclamation de l'empire allemand en 1871
dans la galerie des Glaces par Anton von Werner,
© BPK, Berlin, Dist RMN / Hermann Buresch
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