Chasse à l'ours
En classant quelques livres, je retrouve « Les dernières chasses à l’ours dans les Basses-Pyrénées » de René Arripe et feuillette cet album pour y revoir, parmi les illustrations, les photographies de tableaux de chasse où on reconnaît mon grand-père, Jean Aillagon, son frère, mon grand-oncle, Antoine, sa femme, Rose et leur fille, Angèle, seule survivante à ce jour de ce groupe.
Jean Aillagon, debout à l'extrême gauche, et Angèle, à cheval sur la bête, © Droits réservés
Elle vit toujours dans la vallée d’Aspe, à Bedous. Plusieurs de ces photographies ont été prises en 1928, devant « l’hôtel international » que les Aillagon tenaient au pied du col du Somport, au lieu-dit « Les Forges d’Abel ».
Hôtel International Aillagon, © Droits réservés
Mon père se trouve sans doute parmi les enfants qui se sont joints aux adultes autour de l’ours tué. Je ne saurais cependant l’identifier avec certitude, pas plus que sa mère, ma grand-mère, Madeleine d’Arripe, née un peu plus bas dans la vallée, dans le village de Cette-Eygun où mon père, Charles, est également né. Né un 21 janvier, il est également décédé ce jour-là de l’année. Il repose, avec ses parents et ses grands-parents dans le petit cimetière de ce village, dont une partie, Eygun, s’étire au fond de la vallée du gave d’Aspe alors que l’autre, Cette, est perché plus haut, sur l’un des versants de la vallée, le versant le moins abrupte, celui où on allait faire les foins.
La fin de l'Ancien Régime
Je retrouve aussi, glissé dans une enveloppe, un petit calendrier de l’année 1783 avec des vignettes représentant la famille royale. Le Roi et la Reine sur la première, le (premier) Dauphin et sa sœur Marie-Thérèse (la future orpheline du Temple) sur la seconde. Les deux autres vignettes sont consacrées, l’une au comte de Provence et à sa femme Marie-Josèphe de Savoie et l’autre, au comte d’Artois et à sa femme, Marie-Thérèse de Savoie. Cette mise en scène heureuse ne permet pas d’imaginer que déjà les orages de l’histoire grondent et que, dix ans plus tard, le 21 janvier 1793, jour de la Sainte Agnès comme le précise le petit calendrier, le Roi sera exécuté. A vrai dire, la monarchie d’Ancien Régime était morte dès le 6 octobre 1789, quand la famille royale, contrainte par l’irruption de la foule dans le château, acceptait de quitter Versailles pour Paris. A cette date, Provence et Artois avaient déjà pris le chemin de l’exil. Le premier Dauphin était mort dès le printemps de 1789. Le second Dauphin allait connaître le triste sort qu’on sait.
Calendrier de l'année 1783, © Droits réservés
L'appartement du Roi
Cet après midi, je travaille avec Pierre Arizzoli-Clementel au projet de créer un nouveau circuit pour la visite de l’appartement « intérieur » du Roi dont la pièce centrale est la chambre du Roi, cette chambre que Louis XIV a fini par fixer au centre même du château et où il est mort en 1715. Cette chambre est l’espace par excellence du culte monarchique, celui où le cérémonial marquait la distance infinie entre le Roi et le commun des hommes, y compris les plus distingués et les plus nobles. Cette chambre ainsi que le salon de l'Œil de bœuf et la salle du conseil sont accessibles aujourd’hui par un décrochement bizarre des grands appartements d’Etat qui passe par la galerie des Glaces, ce qui en rend la compréhension peu claire. A l’automne, si les aménagements que la création de ce nouveau circuit suppose ont pu être réalisés, on pourra visiter cet appartement de façon autonome à partir du « degré du Roi », escalier de desserte des appartements du Roi qui ne console pas de la disparition, dès 1752, du grand escalier des Ambassadeurs, l’une des splendeurs de Versailles englouties par la folie des transformations qui n’a cessé de bouleverser la configuration du château.
Maquette de l'escalier des Ambassadeurs ou grand degré du Roi, © RMN / Droits réservés
Mécènes
Un jeune historien, Fabien Oppermann m’envoie la communication qu’il a faite, en juin 2008, au congrès du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (CTHS), qui s’est tenu à Québec, sur « les américains à Versailles : les Rockefeller et le château du Roi Soleil au XXème siècle ». Je lis cette communication avec intérêt en rêvant que quelques nouveaux Rockefeller nous permettraient d’accélérer les chantiers à engager !
On m’annonce le décès d’un jeune collaborateur du château, agent d’accueil et de surveillance. Au même moment, c’est un de nos collègues qui perd son fils âgé de 39 ans. Claude Unger m’annonce de son côté la disparition de Dina Vierny qui aura eu une longue et belle vie et dont le dernier ouvrage, la création du Musée Maillol, rue de Grenelle, est une grande réussite.
Maillol et Dina, © Droits réservés
La mort commence à bien faire
Tant de morts me font regarder avec une conviction redoublée l’annonce par mail, par un artiste belge, d’une manifestation contre la mort : « La mort commence à bien faire ».
Manifestation contre la mort, affiche Hélène Taquet, © Droits réservés
Je ne sais comment un homme aussi occupé que le président du château de Versailles peut faire pour tenir un blog quasi-quotidien. En tout cas, bravo pour cette initiative.
Bien fidèlement,
Guillaume Cerutti
Rédigé par : Guillaume Cerutti | 22 janvier 2009 à 18:45
M. Cerutti, ne vous inquiétez pas pour le surmenage présidentiel : la direction de la communication du château semble bien occupée depuis que M. Aillagon a ouvert son carnet web.
Un blogue intéressant et souvent touchant au demeurant.
Rédigé par : Vanity | 22 janvier 2009 à 19:01
Effectivement, votre blog est intéressant, Humain, vivant, culturel. Un bon moment passé a lire vos pérégrination meme si on ne partage pas vos opinions. Donc, rassurez vous, il n'y a pas que vos employés et les versaillais qui le lisent.
Bonne continuation
Rédigé par : Laurent | 22 janvier 2009 à 22:34
Merci beaucoup pour ce blog et le travail qu'il représente. Je ne suis pas toujours convaincu par vos choix, mais ce blog me permettra de mieux les comprendre. Vous êtes courageux.
Rédigé par : Henri | 23 janvier 2009 à 16:40