Un blog, pour quoi faire ?
Dans la rubrique des confidentiels du Figaro de ce matin, curieuse interprétation de ce que j’ai écrit dans mon blog du 14 janvier dernier où je comparais l’alliance, en France, de l’Etat et de la Culture à celle, à l’époque de la Sérénissime République, de Venise et de la mer. Le Figaro écrit à ce sujet « En clair, un rituel à la fois chrétien et païen, donc contre nature selon lui [JJA] ». C’est toujours étonnant de constater la possible distance entre ce qu’on dit ou qu’on écrit et ce qui est compris, malgré tout le soin qu’on peut mettre à s’exprimer de façon nette, sans ambiguïté.
Les échos que suscite ce blog confirment la certitude qui déjà m’animait, qu’internet est bien devenu un spectaculaire forum de démocratisation du débat d’idées et donc aussi du débat politique. De la même façon qu’au XVIe siècle la Réforme protestante avait affirmé la doctrine du sacerdoce universel et donc gommé la distance entre les clercs et les fidèles, invitant chaque chrétien à la lecture et à la libre interprétation de la Bible, internet bouleverse la traditionnelle hiérarchie entre l’éditeur d’informations et de commentaires et ses lecteurs. Chacun peut, tout en étant lecteur d’un côté, également devenir, par un blog par exemple, auteur et éditeur d’informations et d’opinions. C’est naturellement et potentiellement un acquis démocratique considérable, puisque la démocratie repose justement sur les principes d’égalité des citoyens, de libre expression de leurs opinions et de leurs choix, de primat de la raison (et donc du débat) sur l’émotion et le préjugé. Internet permet aussi, ce qui est un gain très appréciable, l’immédiateté de la transmission d’un message et l’économie des incertitudes que l’accumulation d’intermédiaires peut faire subir à cette transmission.
Je dois encore confier au lecteur de ce blog, qu’au delà de ces considérations, je trouve aussi, dans la rédaction quotidienne de ces lignes, un vrai et simple plaisir d’écrire. J’aurais pu faire le choix d’empiler mes réflexions dans un livre. J’ai préféré cette spontanéité que permet une édition immédiate et quotidienne de mes réflexions. Peut être est-ce un peu par paresse, parce que la rédaction d’un livre ou d’un essai appelle, dans le fond, plus de concentration, parce qu’elle a un caractère plus définitif. Tout ce qui est destiné à un livre se doit d’être plus rigoureusement soupesé, plus strictement hiérarchisé, plus fermement structuré. Le choix que je fais ainsi est aussi un choix de volupté parce qu’il permet d’éprouver immédiatement, sans attendre les effets de l’acte techniquement et économiquement lourd qu’implique l’édition, le plaisir de diffuser un texte et d’en recueillir éventuellement l’écho.
Gratuité pour les 18-25 ans
Dans l’après-midi, réunion au Ministère de la Culture et de la Communication autour de Jean-François Hébert, directeur de cabinet de Christine Albanel, avec les responsables des musées et monuments nationaux concernés par la mise en œuvre de la gratuité pour les 18 – 25 ans. Comme je l’ai déjà dit, la question de la compensation financière est fondamentale si on ne veut pas ébranler la capacité d’action d’établissements auxquels l’Etat impose par ailleurs, à travers ses « contrats de performance », des obligations de plus en plus marquées d’autofinancement.
Avec Jean-François Hébert, j’observe l’équipe de Christine Albanel, celle de son cabinet et celle de son administration. C’est de toute évidence une équipe soudée, solidaire et attachée à la réussite de son ministre et à la durée de sa mission.
Autour de la table, les établissements s’expriment dans la diversité de leurs tailles, de leurs statuts, de leurs intérêts. La nuance est, par la force des choses, grande entre ceux qui accueillent des publics très importants, Le Louvre et Versailles, et ceux dont les publics sont plus clairsemés. Certains établissements sont représentés par leur « numéro 2 », d’autres sont représentés par leur patron. C’est le cas du Louvre.
La gratuité sera mise en œuvre le 4 avril prochain et dès le 1er avril à Versailles. Au delà de « l’effet d’aubaine » que cette mesure provoquera, on ne peut que souhaiter qu’elle détermine réellement cette classe d’âge à visiter plus assidûment les musées. Je veux bien le croire. Je n’en suis cependant pas totalement convaincu parce que je sais combien la curiosité culturelle est avant tout affaire de désir. C’est le désir qu’il faut aiguiser pour conduire plus de jeunes, issus de milieux plus divers, vers la musique, vers la littérature, vers les œuvres d’art.
Je relis ces lignes le dimanche 18 janvier en les rapprochant d’une interview de Martin Hirsch, ou plutôt du dialogue entre Martin Hirsch et cinq jeunes dans le Journal du Dimanche. J’en extrais ce dialogue :
« Etienne : Etre jeune, c’est aussi se divertir. L’accès à la culture est encore trop cher…
« Martin Hirsch : Sincèrement, je n’ai pas encore entamé la réflexion sur ce sujet. Vous avez des idées vous ? Nicolas Sarkozy a annoncé que les musées seraient gratuits pour les moins de 25 ans, c’est une bonne idée, non ?
« Mohamed : Oui, c’est pas mal pour ceux qui sont informés sur les expos et l’actu culturelle. Mais pour les autres… Moi, je trouve qu’il faudrait créer un poste d’assistant culturel au collège ou au lycée pour développer nos centres d’intérêt… »
Mohamed met le doigt sur la question centrale du désir de culture. Ce désir peut parfois sourdre du secret de la personnalité d’un jeune. Le plus souvent cependant, c’est à l’éducation, à la formation à le préparer, à le susciter.
monsieur le ministre,
votre réponse au blog "le Louvre pour tous" m'a choquer tant elle est sous tendue de violence. En effet dire implicitement que les versaillais ne seraient pas respectueux de leur "lieux de promenade" est insensé, puisque vous ne pouvez pas affirmer qu'ils sont moins respectueux que les touristes hollandais, chinois ou autre, se restaurant à la va-vite. Au contraire je crois que les versaillais sont d'autant plus attachés à leur patrimoine, à l'instar de leur dons âpres la tempêtes, ou la rénovation de certaines statues et la promotion de la qualité du château dans leur entourage.
Je ne sais pas si l'on peut dire qu'il s'agit d'une "mesure mercantile", néanmoins, la volonté de tout rendre payant, n'est pas animé que par le désir d'embellir le patrimoine de Versailles.
Aussi beaucoup pensent que le château tient une place très singulière dans le coeur des versaillais, et se détacher de cette ville serait vraiment enlever le charme si unique à ce château et supprimer toute bonne volonté de participation à l'embellissement du château de la part des privés.
Rédigé par : thomas le Gadal | 25 avril 2009 à 17:37
Je sais vos sentiments sincères, c'est la raison pour laquelle je vous crois capable de comprendre les arguments que j'avance.
Sachez-le, Bernard Hasquenoph, rédacteur en chef de Louvre pour tous m'a fait savoir qu'il appréciait la courtoisie de nos échanges, même quand nous n'étions pas d'accord.
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 05 mai 2009 à 11:22
J'ose espérer que vos échanges avec Bernard Hasquenoph soient des plus courtois, seulement il m'ai difficile d'en juger, puisqu'il ne publie pas tout sur son blog, nécessairement pour servir son message.
Pour ma part je croyais que les jardins du châteaux étaient bénéficiaires et que le château jouissait d'une large aide financière de l'étranger (la famille de Rotschild entre autre). Heureusement parce je cois que les français n'aiment pas vraiment entretenir leur patrimoine.
Alors pourquoi soudainement rendre les jardins payant? certains points m'échappent. A la vue des pub dans le métro parisien pour des concerts, des opéras il semble que le château change d'image à tout le moins élargi ses horizons. Tout cela est une bonne chose je crois, mais ces mesures doivent bien rapporter de l'argent.
aussi merci pour vos articles, il sont très instructifs et donnent à faire des recherches pour se construire un avis.
Rédigé par : thomas le Gadal | 06 mai 2009 à 09:15