La matinée est consacrée au comité de direction hebdomadaire. On y fait le bilan sur l’excellent niveau de fréquentation du château au cours de la semaine écoulée, résultat de la conjonction des vacances de Pâques, du beau temps, du succès de l’exposition « Fastes de cour et cérémonies royales », de l’intérêt des visiteurs pour les Grandes Eaux qui, cette année, accueillent une création de Bertrand Lavier pour les deux bassins du parterre du Midi…
On déplore toujours des lenteurs dans le dispositif technique de mise en vente des billets même si on constate que la vente en ligne a désormais bien démarré et si, on le sait, les achats à l’avance auprès d’intermédiaires (RMN, FNAC…) séduisent depuis longtemps le public des visiteurs prudents. La vente sur place est encore handicapée par l’aménagement insatisfaisant de l’aile des Ministres sud où elle se propose au public et par une mauvaise localisation des caisses automatiques. Ces inconvénients seront traités dans le projet de réaménagement complet de cet espace qui sera mis en œuvre prochainement. Il permettra notamment d’offrir à l’attente des visiteurs un espace couvert, celui de l’enfilade des salons de l’aile, alors qu’elle doit aujourd’hui se faire, de façon absurde, à l’extérieur, dans des conditions d’inconfort qu’on pourrait éviter.
Ces difficultés structurelles sont, depuis le 1er avril, amplifiées par les conséquences de la mise en œuvre de la gratuité pour les 18-25 ans communautaires. Le ministère de la Culture a, en effet, souhaité qu’une contremarque soit remise à chaque bénéficiaire de cette nouvelle gratuité ce qui génère aux caisses de la confusion, des incertitudes, des discussions et donc des lenteurs. Elle contraint les heureux bénéficiaires de cette mesure à une démarche dans le fond inutile. Elle en impose les conséquences, notamment la longueur de la file d’attente, aux visiteurs payants. Je crois inévitable qu’on améliore rapidement ce dispositif en permettant aux 18-25 ans d’accéder, comme c’est déjà le cas pour les moins de 18 ans, aux espaces du musée sur présentation simple du document d’identité attestant de leur âge. Il faudra sans doute saisir le ministère à ce sujet, ministère dont on attend des précisions sur le montant de la compensation budgétaire qu’il s’est engagé à consentir aux établissements. Les problèmes constatés au château de Versailles le sont également dans d’autres établissements, notamment au Louvre. C’est la raison pour laquelle il me paraîtrait opportun que ce soit l’ensemble des grands établissements-musées qui saisisse le ministère de ces difficultés.
Dans la soirée, je reçois Maurizio Cattelan que j’aimerais accueillir, en 2010, dans le cadre du programme contemporain « Versailles Off ». J’estime que Cattelan est l’un des grands artistes d’aujourd’hui. Il s’est souvent emparé de l’histoire (Him, La nona Ora…) et ne dédaigne jamais d’amarrer ses œuvres à des histoires. Je crois que la confrontation de son travail avec ce concentré justement d’Histoire et d’histoires qu’est Versailles serait tonique pour le regard et stimulant pour l’esprit. On verra donc ce que nous pourrons faire ensemble.
Je relis vos propos sur Jean-Clair au sujet de l'exposition Jeff Koons à Versailles :
"Jean Clair est trop désespéré et trop engoncé dans sa science pour admettre que la culture puisse aussi être une fête, avec ce que cela implique de joie, d’éphémère et même de légèreté. Sait-il que seule la mort est solennelle, définitive et triste ?"
Il est certes vrai que Maurizio Cattelan, que vous envisagez d'inviter à Versailles, afin de tonifier nos regards et stimuler nos esprits (sic), nous donne de vraies raisons de croire que la culture est une fête, remplie de joie, d'éphémère et de légèreté... Entre un pape souffrant écrasé par une météorite, un Hitler à genoux et des enfants pendus aux branches d'un arbre, nous sommes dans la lumière !
(http://www.galerieperrotin.com/artiste-Maurizio_cattelan-5.html#)
Quand cessera cette mascarade ?
Salutations,
Rédigé par : Hugues | 25 avril 2009 à 11:38
Le goût poussé à l'extrême de la provocation ne révèle jamais autre chose que la vacuité de celui qui s'y livre, et ceux qui s'en délectent à répétition ne font que révéler leur propre inanité.
Il y a certainement aujourd'hui des artistes de valeur dont on découvrira, peut-être trop tard, qu'ils ont créé une "œuvre", mais dont le malheur veut que le ton général d'une époque, perdant le sens des valeurs au profit de l'observation des cours de bourse, ne peut que méconnaître.
Ce serait pourtant un très beau rôle, digne de Versailles, que celui de promouvoir des talents de ce genre, plutôt que de voler au secours de provocations médiatiques aussi vaines...
Peut-être ne serait-il pas inutile non plus d'avoir un peu de respect pour tous ceux qui viennent des quatre coins du monde pour découvrir un modèle devenu universel et qui ne comprennent pas ce qui se passe en découvrant des aspirateurs dans le salon du grand couvert, un squelette en plastique sur le parterre d'eau, des tuyaux de jardin et des douchettes dépareillées dans les bassins du parterre du midi, et bientôt d'autres incongruités dans les jardins.
Rédigé par : Rozier-Chabert | 26 avril 2009 à 14:46
Cher Monsieur,
Jacques Callot a aussi représenté des enfants pendus à des arbres. Quand à Francis Bacon il n'a cessé de peindre des papes en train de hurler.
L'un et l'autre sont de grands artistes.
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 05 mai 2009 à 11:26
Cher Monsieur,
Je ne partage pas vous le savez votre point de vue, et devinant la force de vos préjugés, pense inutile d'essayer de vous convaincre.
Cordialement.
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 05 mai 2009 à 11:27