La veille de la Saint-Nicolas (6 décembre), le bon Saint (c’est à dire un voisin déguisé en évêque de Myrrhe) passait dans les maisons de ma Lorraine natale, accompagné du père Fouettard (un autre voisin déguisé en ogre infernal) pour y interroger les petits enfants sur les actions de l’année écoulée. A genoux et tremblants, nous confessions nos bonnes actions et nos petites fautes. Nous promettions, bien sûr, d’être sage jusqu’à l’année suivante. Arrivait ensuite le moment des petits cadeaux, des oranges, des mandarines, des noix, des Saint-Nicolas en pain d’épice et des petites figurines en pâte d’amande. Je raffolais des petits cochons en pâte rose que je conservais quelques jours avant de les dévorer en commençant par le groin. Nous chantions la chanson de Saint-Nicolas :
"ils étaient trois petits enfants qui s’en allaient glaner aux champs…"
et en allemand:
"Lustig, lustig traleralera ! Bald ist Niklausabend da..."
Le récit du miracle de Saint-Nicolas ressuscitant trois petits garçons qu’un boucher avait tués et « mis au saloir comme pourceau » nous faisait trembler… J’ai, plus tard, réalisé que ce genre d’histoire était profondément enracinée dans la sensibilité des peuples du nord et de l’est de l’Europe (et de la France). Souvent, est-ce un signe, les abus et meurtres d’enfants, ont lieu dans ces terres, le petit Gregory sur les bords de la Vologne, les victimes de Dutrout, récemment la petite Typhaine à Maubeuge. Quelle triste horreur que le sort de ces pauvres petites victimes !
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