Hôtel Lambert
Dans Libération d’hier, Vincent Noce interviewe un représentant de la famille Al Thani à propos des débats que suscite le projet d’aménagement et de restauration de l’Hôtel Lambert, désormais propriété de cette famille qui règne sur le Qatar. Dans le fond, la question qui se pose est celle de la manière de traiter de façon équilibrée la conservation du patrimoine historique. Cette recherche d’un équilibre ne peut méconnaître l’opportunité, à chaque fois que c’est possible, de conserver à un monument historique un usage effectif, sous peine de le voir se dégrader et disparaître. Il faut de ce fait savoir ne pas rejeter, par principe, les aménagements qu’appelle cet usage, quand ils ne défigurent ou ne travestissent pas le monument de façon irrémédiable. Vouloir « geler les monuments » et les préserver de toute adaptation serait suicidaire pour le patrimoine. On finirait par des excès à la Blanche de Castille qui préférait voir « son fils mort à ses pieds que coupable d’un seul péché mortel ! ». La conservation du patrimoine suppose une capacité soutenue de financement. Cette capacité renvoie, par la force des choses, vers celle de l’usage qui, seul, dans beaucoup de cas, justifie les investissements lourds nécessaires. Je ne connais pas dans le détail le dossier « Hôtel Lambert », mais beaucoup de ceux qui y ont eu accès me disent qu’il est scrupuleux et, qu’à la faveur de quelques ajustements, il pourrait être considéré comme satisfaisant. Je crains que dans la dureté des réactions à son encontre, entre une part de vraie xénophobie pour n’employer qu’un mot pudique. Pensez ! Les Al Thani sont étrangers, musulmans et riches ! De quoi déplaire à plusieurs intégrismes de la bien pensance qui se coalisent en l’occurrence par delà leurs divergences !
Le roi est mort
Jocelyn Quivrin qui interpréta en 1992 le rôle du jeune Louis XIV, dans Louis, enfant roi de Roger Planchon, est mort dans un accident de la route à l’entrée de l’A13, au tunnel de Saint-Cloud, sur la route de Versailles donc et à proximité du domaine de Monsieur, frère du roi (le domaine de Saint-Cloud). Il avait trente ans à peine.
Ville de Paris
Dans Le Figaro d’hier, article de Claire Bommelaer, sur la situation de la politique culturelle de la Ville de Paris. (Quand la Ville de Paris coupe ses subventions. Politique culturelle. Crise oblige, l’équipe de Bertrand Delanoë revoit ses subventions à la baisse. Le 104 et le musée de Montmartre en font déjà les frais). Sans entrer dans un débat, inévitablement marqué par des considérations politiques et rendu sensible par l’approche des élections régionales, je tiens à souligner l’incontestable difficulté intrinsèque de la politique culturelle de la Ville de Paris dont j’ai été le patron, il y a une quinzaine d’années. Rappelons tout d’abord que la commune de Paris est une commune de droit (presque) commun depuis 22 ans seulement. Il faudra attendre 1977 pour qu’elle quitte le giron de l’administration préfectorale et qu’elle soit dotée d’un conseil et d’un maire élus et responsables. C’est sous l’impulsion du premier maire, élu en 1977, Jacques Chirac, et qui le restera pendant 18 ans, que se forge une politique culturelle qui fit, par l’ampleur des budgets mobilisés, de la Ville de Paris le deuxième acteur public de la vie culturelle de notre pays. La personnalité et le profil des premiers animateurs de cette politique, mes prédécesseurs directeurs des affaires culturelles, Marcel Landowski, Michel Boutinard-Rouelle, Jean Musy et Bruno Racine, tous hauts fonctionnaires (y compris le compositeur Marcel Landowski qui avait été directeur de la musique au ministère), familiers donc de l’organisation de l’administration culturelle de l’Etat, firent de leur direction une sorte de « décalcomanie » du ministère de la rue de Valois, avec ses bureaux (des musées, du patrimoine, des arts plastiques, du théâtre, de la musique, des enseignements, des bibliothèques…) qui s’inspiraient des directions du ministère. C’est la raison pour laquelle, dans la période 1977-1995, la Ville put s’affirmer dans ce domaine comme un contre-pouvoir, contre Giscard de 1977 à 1981, contre Mitterrand de 1981 à 1995, même quand les gouvernements de cohabitation étaient de droite. Le soutien aux grandes institutions visait à démontrer l’excellence de la Ville, et sans doute aussi, la capacité de son maire à accéder à des responsabilités nationales… Le Châtelet de Jean-Albert Cartier d’abord et surtout de Stéphane Lissner, narguait un Opéra national peu prompt, jusqu’en 1995, à se mettre en ordre de marche. Le Théâtre de la Ville, sous la direction de Gérard Viollette damait le pion aux théâtres nationaux dans le domaine de la danse contemporaine… La Ville de Paris perdit peut être ainsi de vue un peu de ses missions ordinaires de collectivité locale en matière de service public de la culture, celle de proposer un réseau complet de formation artistique (ce qui avait été fait remarquablement pour la formation musicale avec les conservatoires d’arrondissement coiffés par un « conservatoire national de région », n’a pas été fait pour les arts plastiques), celle de mettre son réseau de bibliothèques au niveau d’exigence qu’imposait le modèle de la Bibliothèque publique d'information (BIP) du Centre George Pompidou, celle de s’engager dans une politique de soutien à des compagnies artistiques pour ne pas privilégier qu’une politique de diffusion culturelle (à part, marque de l’ère Landowski, le soutien massif à l’Orchestre de Paris et à l’Ensemble orchestral de Paris) etc. On est là au cœur même de l’écartèlement de la politique culturelle de la Ville de Paris, entre sa dimension « capitale » et sa dimension « commune-département ». J’avais bien mesuré la singularité de cette situation en réunissant mes collègues directeurs des affaires culturelles des « grandes villes de France » au sein d’une association. Nous souhaitions mutualiser nos réflexions et nos problèmes, tout en étant bien conscients que la Ville de Paris constituait un « cas à part ». Cette singularité s’est-elle atténuée sous les maires qui ont succédé à Jacques Chirac, Jean Tiberi (1995–2001) et Bertrand Delanoë (depuis 2001) ? Je ne pense pas. Si l’effet vitrine s’est moins porté sur les institutions de l’ère-Chirac (Châtelet, Musée d’art moderne de la Ville, Vidéothèque de Paris, aujourd’hui Forum des Images…), il s’est fixé sur des manifestations événementielles (Paris-Plage) et sur des institutions nouvelles (le 104, rue d’Aubervilliers) dont le démarrage est difficile. Cette politique, comme celle de l’Etat d’ailleurs, appellerait peut-être une refondation qui en soulignerait sans ambiguïté les objectifs, les missions et en déterminerait les moyens.
Dans Libération d’hier, Vincent Noce interviewe un représentant de la famille Al Thani à propos des débats que suscite le projet d’aménagement et de restauration de l’Hôtel Lambert, désormais propriété de cette famille qui règne sur le Qatar. Dans le fond, la question qui se pose est celle de la manière de traiter de façon équilibrée la conservation du patrimoine historique. Cette recherche d’un équilibre ne peut méconnaître l’opportunité, à chaque fois que c’est possible, de conserver à un monument historique un usage effectif, sous peine de le voir se dégrader et disparaître. Il faut de ce fait savoir ne pas rejeter, par principe, les aménagements qu’appelle cet usage, quand ils ne défigurent ou ne travestissent pas le monument de façon irrémédiable. Vouloir « geler les monuments » et les préserver de toute adaptation serait suicidaire pour le patrimoine. On finirait par des excès à la Blanche de Castille qui préférait voir « son fils mort à ses pieds que coupable d’un seul péché mortel ! ». La conservation du patrimoine suppose une capacité soutenue de financement. Cette capacité renvoie, par la force des choses, vers celle de l’usage qui, seul, dans beaucoup de cas, justifie les investissements lourds nécessaires. Je ne connais pas dans le détail le dossier « Hôtel Lambert », mais beaucoup de ceux qui y ont eu accès me disent qu’il est scrupuleux et, qu’à la faveur de quelques ajustements, il pourrait être considéré comme satisfaisant. Je crains que dans la dureté des réactions à son encontre, entre une part de vraie xénophobie pour n’employer qu’un mot pudique. Pensez ! Les Al Thani sont étrangers, musulmans et riches ! De quoi déplaire à plusieurs intégrismes de la bien pensance qui se coalisent en l’occurrence par delà leurs divergences !
Le roi est mort
Jocelyn Quivrin qui interpréta en 1992 le rôle du jeune Louis XIV, dans Louis, enfant roi de Roger Planchon, est mort dans un accident de la route à l’entrée de l’A13, au tunnel de Saint-Cloud, sur la route de Versailles donc et à proximité du domaine de Monsieur, frère du roi (le domaine de Saint-Cloud). Il avait trente ans à peine.
Ville de Paris
Dans Le Figaro d’hier, article de Claire Bommelaer, sur la situation de la politique culturelle de la Ville de Paris. (Quand la Ville de Paris coupe ses subventions. Politique culturelle. Crise oblige, l’équipe de Bertrand Delanoë revoit ses subventions à la baisse. Le 104 et le musée de Montmartre en font déjà les frais). Sans entrer dans un débat, inévitablement marqué par des considérations politiques et rendu sensible par l’approche des élections régionales, je tiens à souligner l’incontestable difficulté intrinsèque de la politique culturelle de la Ville de Paris dont j’ai été le patron, il y a une quinzaine d’années. Rappelons tout d’abord que la commune de Paris est une commune de droit (presque) commun depuis 22 ans seulement. Il faudra attendre 1977 pour qu’elle quitte le giron de l’administration préfectorale et qu’elle soit dotée d’un conseil et d’un maire élus et responsables. C’est sous l’impulsion du premier maire, élu en 1977, Jacques Chirac, et qui le restera pendant 18 ans, que se forge une politique culturelle qui fit, par l’ampleur des budgets mobilisés, de la Ville de Paris le deuxième acteur public de la vie culturelle de notre pays. La personnalité et le profil des premiers animateurs de cette politique, mes prédécesseurs directeurs des affaires culturelles, Marcel Landowski, Michel Boutinard-Rouelle, Jean Musy et Bruno Racine, tous hauts fonctionnaires (y compris le compositeur Marcel Landowski qui avait été directeur de la musique au ministère), familiers donc de l’organisation de l’administration culturelle de l’Etat, firent de leur direction une sorte de « décalcomanie » du ministère de la rue de Valois, avec ses bureaux (des musées, du patrimoine, des arts plastiques, du théâtre, de la musique, des enseignements, des bibliothèques…) qui s’inspiraient des directions du ministère. C’est la raison pour laquelle, dans la période 1977-1995, la Ville put s’affirmer dans ce domaine comme un contre-pouvoir, contre Giscard de 1977 à 1981, contre Mitterrand de 1981 à 1995, même quand les gouvernements de cohabitation étaient de droite. Le soutien aux grandes institutions visait à démontrer l’excellence de la Ville, et sans doute aussi, la capacité de son maire à accéder à des responsabilités nationales… Le Châtelet de Jean-Albert Cartier d’abord et surtout de Stéphane Lissner, narguait un Opéra national peu prompt, jusqu’en 1995, à se mettre en ordre de marche. Le Théâtre de la Ville, sous la direction de Gérard Viollette damait le pion aux théâtres nationaux dans le domaine de la danse contemporaine… La Ville de Paris perdit peut être ainsi de vue un peu de ses missions ordinaires de collectivité locale en matière de service public de la culture, celle de proposer un réseau complet de formation artistique (ce qui avait été fait remarquablement pour la formation musicale avec les conservatoires d’arrondissement coiffés par un « conservatoire national de région », n’a pas été fait pour les arts plastiques), celle de mettre son réseau de bibliothèques au niveau d’exigence qu’imposait le modèle de la Bibliothèque publique d'information (BIP) du Centre George Pompidou, celle de s’engager dans une politique de soutien à des compagnies artistiques pour ne pas privilégier qu’une politique de diffusion culturelle (à part, marque de l’ère Landowski, le soutien massif à l’Orchestre de Paris et à l’Ensemble orchestral de Paris) etc. On est là au cœur même de l’écartèlement de la politique culturelle de la Ville de Paris, entre sa dimension « capitale » et sa dimension « commune-département ». J’avais bien mesuré la singularité de cette situation en réunissant mes collègues directeurs des affaires culturelles des « grandes villes de France » au sein d’une association. Nous souhaitions mutualiser nos réflexions et nos problèmes, tout en étant bien conscients que la Ville de Paris constituait un « cas à part ». Cette singularité s’est-elle atténuée sous les maires qui ont succédé à Jacques Chirac, Jean Tiberi (1995–2001) et Bertrand Delanoë (depuis 2001) ? Je ne pense pas. Si l’effet vitrine s’est moins porté sur les institutions de l’ère-Chirac (Châtelet, Musée d’art moderne de la Ville, Vidéothèque de Paris, aujourd’hui Forum des Images…), il s’est fixé sur des manifestations événementielles (Paris-Plage) et sur des institutions nouvelles (le 104, rue d’Aubervilliers) dont le démarrage est difficile. Cette politique, comme celle de l’Etat d’ailleurs, appellerait peut-être une refondation qui en soulignerait sans ambiguïté les objectifs, les missions et en déterminerait les moyens.
Je me permet de rectifier, si vous le permettez, une petite information sur l'acteur Jocelyn Quivrin. Il a bien joué dans le film "Louis enfant Roi" mais il tenait le rôle du frère de Louis XIV. Le rôle du Roi était interprété par Maxime Mansion.
Rédigé par : Yohann BOURDELAT | 25 novembre 2009 à 19:06
Louis enfant roi
Je vous remercie pour cette précision.
Cordialement
Rédigé par : Jean-Jacques Aillagon | 02 décembre 2009 à 18:54