Avant de quitter Venise, à Ca’ Rezzonico pour y revoir quelques œuvres que j’aime, des meubles de Brustolon dont ses sièges du début du XVIIIè siècle qui sont un clin d’œil prémonitoire à ceux de Carabin, la « Dame voilée » d’Antonio Corradini (1668 – 1752), dont les plis de marbre anticipent ceux des gisants de Maurizio Cattelan présentés à la Pointe de la Douane. Le « Saint Joseph et Saint Jean Baptiste entourant une icône de la Vierge » de Gaspare Diziani (1689-1765), est déjà une sorte de collage, comme ceux de Max Ernst dans sa série de « la Femme 100 têtes » ou un réinvestissement comme celui auquel procèdent Jake et Dinos Chapman dans leur série « Comme le chien retourne à sa vomissure » qui s’est emparée de la série des « Caprices » de Goya. Et puis dans ce musée, j’aime toujours revoir « le Joueur de flûte » de Carl Loth (1632-1698). Le jeune homme qui évoque un berger ou un satyre antique est en fait un paysan du Veneto. Son corps est blanc alors que son visage, son cou, ses mains, ses avant-bras sont brûlés par le soleil.
C’est en consultant le numéro de juin de « l’Objet d’Art » que j’apprends qu’une exposition « Andrea Brustolon » a lieu, jusqu’au 12 juillet, au Palazzo Crepadora à Belluno. Dommage que je ne l’ai pas su plus tôt. J’aurais pu, depuis Venise, organiser une virée jusqu’à Belluno, patrie de celui que la revue qualifie de « Michel-Ange du bois ».
Signora Müller
Je fais cette visite avec Dominique Müller qui vient d’achever un nouveau roman dont elle me montre de loin l’épais manuscrit en me précisant qu’il est prêt à partir chez l’éditeur. Dominique vient également d’éditer chez Lineadacqua un petit texte intitulé « L’Eau-Delà De La Pointe, à la douane de mer » plein d’esprit et de profondeur, truffé de petits poèmes dont celui-ci :
« De son œil de fer la grue
Epie un vapeur ventru
Du paradis
Tout étourdi
Vole un oiseau apparu »
Cet haïku accompagne ce dessin.
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