Elections européennes
En Italie, le scrutin se déroule également dans le cadre de « grandes régions ». A la différence de la France, ces super-régions ont une forme de cohérence historique, et donc politique. La région Nord-Ouest, avec le Piémont, la Lombardie et la Ligurie, s’enracine dans la mémoire du royaume de Savoie d’avant l’unification. La région Nord-Est témoigne de l’ancienne aire d’influence ou de domination directe de la République de Venise. Quant au grand Mezzogiorno, on y retrouve grosso modo les territoires de la monarchie éteinte des Bourbons… L’Italie, à cet égard, a l’avantage d’hériter d'une histoire nationale relativement récente. Les identités locales et régionales y sont encore sensibles et significatives. Sa géographie allongée la dispose par ailleurs plus à des découpages administratifs et politiques transversaux que la France, avec son territoire compact et centralisé, dont l’organisation territoriale n’a eu de cesse de vouloir gommer ces logiques historiques dans lesquelles la Révolution avait décelé des survivances de la « féodalité ».
En Allemagne, de façon inévitable, ce sont les länder qui fournissent le cadre du scrutin. Inévitablement, parce que la structure fédérale de l’Etat étant ce qu’elle est, on imaginerait mal qu’on se mette à inventer des regroupements de ces länder pour, théoriquement, obtenir des entités géographiquement plus égales, et donc dotées d’un nombre plus ou moins disparate de sièges à pourvoir. Les moins peuplés de ces länder disposent de deux sièges (la Saxe Anhalt par exemple), le plus peuplé, la Rhénanie du Nord-Wesphalie, de vingt ; un rapport de un à dix donc…
J’ai déjà évoqué le caractère peu convaincant des « grandes régions » européennes françaises. Si on veut ancrer les régions tout court dans le paysage politique de notre pays, c’est, à l’avenir, sans doute de leur circonscription qu’il faudra se servir pour les européennes également.
Venise
Venise se prépare à la Biennale. Dans Le Monde, un article de Philippe Dagen évoque le travail de Claude Lévêque, en charge cette année, du pavillon de la France. J’aime beaucoup cet artiste et je ne doute pas de la force de sa proposition.
Le pavillon de la France a cette double singularité de s’attacher à des artistes plus émergents que ne le font d’autres pavillons et d’en attendre un travail d’investissement du lieu lui-même plutôt qu’un simple usage de ces espaces pour la présentation d’œuvres qui existent déjà. Claude Lévêque, comme l’avaient fait Daniel Buren, Jean-Pierre Raynaud, Fabrice Hyber, Annette Messager, César lui-même, s’empare de la plasticité du « Trianon » qu’est le pavillon français, pour en faire l’objet même de sa création, en forme de méditation militante sur la prison, cette triste réalité de notre société. La démarche est plus exigeante. Elle est cependant moins spontanément efficace en produisant des propositions artistiques dont le marché est moins familier et a moins d’usage que de celles qui relèvent de l’activité classique de présentation d’œuvres banalement mobilières.
C’est peut être cette exigence excessive que notre génie spécifique nous impose qui explique la moindre capacité de la production artistique française à s’imposer sur le marché international.
Toujours Venise
Dans Le Figaro, un article d’Adrien Goetz sur le Symposium organisé par l’Institut national du patrimoine à Venise, à l’Istituto Veneto dirigé par l’excellent Sandro Franchini. Cette année, les participants s’intéressent aux questions du financement des actions en faveur du patrimoine. Le directeur de l’Institut, Eric Gross, connaît bien ces questions. Il vient de prendre en main la responsabilité de cette jeune institution qui se consacre à la formation supérieure des conservateurs du patrimoine et semble décidé à en renforcer encore la spécificité et l’utilité.
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