Ascension
Dans un carnet, je relis quelques notes prises à Londres, il y a quelques mois. J’y avais décrit, pour mémoire, une plaque d’ivoire représentant la déification d’un personnage dont l’ascension est assurée par deux génies ailés. L’ivoire est daté de 400 environ et mentionné comme étant de Rome, d’un moment donc où le culte chrétien était devenu culte officiel de l’Empire et où, bien plus, les cultes païens avaient été interdits (Edit de Thessalonique du 28 février 380). Cet objet marque à la fois la pérennité des thèmes iconographiques et mythologiques antiques tout au long de l’Antiquité tardive et du haut Moyen-Âge, comme référence culturelle essentielle, et le rôle qu’ont joué ces mythes dans l’édification, à partir de la trame ténue de la vie connue de Jésus de Nazareth, du corpus des faits et des idées qui vont constituer le christianisme.
Le syncrétisme intellectuel, spirituel, théologique et artistique de cette période est déterminant pour la suite de l’aventure culturelle européenne. C’est lui que révèle également l’extraordinaire Franks Casket, objet anglo-saxon du VIIIe siècle (lui aussi conservé au British Museum), où se côtoient l’adoration du Christ par les mages et la revanche de Wieland, le forgeron capturé et emprisonné par un méchant roi, ou encore des textes en runes et la représentation de Romulus et Remus allaités par la Louve.
Dans l’après-midi, je retrouve ce « procédé » de l’héroïsation de Jésus en écoutant la Cantate de l’Ascension BWV 43 « Gott fähret auf mit Jauchzen » de Jean-Sébastien Bach, notamment dans le grand aria de la deuxième partie « Er ists, der ganz allein, die Kelter hat getreten… », et qui se termine par ses fortes paroles « Ô trônes, ne ménagez pas votre peine et couvrez-le de couronnes ! ».
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