Sur Versailles la matinée est pluvieuse et grise. Le parc est peu fréquenté. Il est pourtant magnifique, regorgeant d’un vert éclat que l’humidité a épanoui. La plaine des crapauds qui étend le regard de la grille de la Reine à la porte Saint-Antoine est impeccablement champêtre et contraste avec la taille rigoureuse des frondaisons des allées qui conduisent à Trianon. L’un des miracles de Versailles c’est la convenable préservation du paysage qui entoure le domaine, même si au nord, la ville a un peu trop cerné sa limite et a imposé à son horizon des objets incongrus comme le clocher absurde de l’église Saint-Antoine, même si au sud, on pourrait craindre que des élagages trop intempestifs mis en œuvre par l’Office National des forêts ou les communes finissent par cribler le paysage qui s’offre depuis le château de fragments de voie ferrée, d’autoroute ou de constructions. La préservation du jardin, du parc et du paysage de Versailles est un impératif patrimonial qui ne peut tolérer des postures désinvoltes ou démagogiques.
C’est la raison pour laquelle j’envoyais récemment à Bernard Hasquenoph, éditeur du site « Le Louvre pour tous », un courrier pour répondre à ses points de vue sur la régulation de l’accès aux jardins de Versailles. Je lui écrivais notamment :
« …Dois-je vous rappeler :
- qu’il convient de distinguer entre le parc de Versailles , vaste domaine de 900 ha, ouvert librement au public, et les jardins des châteaux de Versailles et de Trianon, ensembles monumentaux fragiles qu’on ne peut considérer comme de simples aires de loisirs, ce qui est trop souvent le cas de la part de visiteurs indélicats.
- que l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles est financé à plus de 2/3 par ses recettes propres, l’Etat ne concourrant à son fonctionnement que par la prise en charge directe de la rémunération des personnels titulaires qui lui sont affectés. C’est donc grâce à ses recettes que l’Etablissement finance, en large partie, sa politique culturelle, ses acquisitions , une partie des travaux entrepris et la rémunération des personnels contractuels ainsi que son fonctionnement courant.
Le désir de protéger le patrimoine d’usages intempestifs, la nécessité de développer les recettes, ne relèvent, de ce fait, d’aucun projet « mercantiliste », le propos de l’Etablissement n’étant pas de faire d’éventuels « bénéfices » ( !) mais d’assurer, dans des conditions optimales, la valorisation du patrimoine dont il a la charge… »
C’est cet attachement à la préservation d’un patrimoine fragile qui m’a conduit à décider, qu’au delà de 2010, quand l’achat en leasing des gradins posés l’été sur le bassin de Neptune aura été remboursé, l’Etablissement cessera de procéder à leur installation malencontreuse pour l’intégrité du site et du patrimoine qu’il abrite.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.