Musée de l'Histoire de France (suite)
J’ai été frappé, dans les jours qui ont suivi le discours de Nîmes du Président de la République et l’annonce de son intérêt pour la création d’un Musée de l’Histoire de France, par le fait persistant que la principale question qui animait la plupart des commentaires était celle de savoir où ce musée se ferait, plusieurs hypothèses immobilières étant avancées, les Invalides, le château de Versailles ou celui de Vincennes ? Cette question est à mon sens, dans l’état actuel des choses, assez accessoire puisqu’il conviendra préalablement de définir ce qu’on veut faire, c’est-à-dire ce qu’on doit faire et ce qu’on peut faire, étant entendu que l’objectif de « faire quelque chose » pour le développement de la culture historique est, de toute évidence, utile et même nécessaire.
Ce qui est assuré, c’est qu’aucun des actuels musées d’histoire ne peut prétendre, tel quel, satisfaire aux objectifs généraux que le Président a fixé à son souhait, chacun de ces musées étant cependant témoin et garant d’une identité propre, parfois ancienne (le Musée de Versailles a 172 ans !), qu’on ne pourrait ignorer sans dommage.
C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai noté le pragmatisme avec lequel Nicolas Sarkozy a ouvert plusieurs voies à la mise en œuvre de ce projet, y compris celle d’une initiative fédérative, mettant en réseau et en résonance les institutions attachées, par ailleurs, à la valorisation de leur propre patrimoine d’histoire et à sa présentation au public dans des conditions améliorées.
J’ai, pour ma part, entrepris, dès mon arrivée à la tête de l’Etablissement public de Versailles de poser la question du sort de cette belle endormie, négligée et oubliée qu’était le Musée de l’Histoire de France. Ces collections sont désormais accessibles sur internet. Une salle d’information sur sa création au XIXe siècle a été conçue dans l’ancienne salle du Pape, entre la salle du Sacre et la salle 1792. L’exposition La Guerre sans dentelles accompagnera la réflexion du public sur la question cruciale de la représentation de la guerre grâce à la confrontation des peintures historiques de la Galerie avec des photographies de guerre, de la guerre de Sécession à la guerre civile qui ravage le Congo. Le programme d’un déploiement possible des collections dans ailes du Nord et du Midi est désormais arrêté et pourra être mis en œuvre quand le schéma directeur pour le Grand Versailles abordera la phase des travaux dans ces espaces. Quand ils auront été réalisés, l’aile Nord abritera un étage dévolu à l’histoire du château, du XVIIe au XXIe siècle et deux étages consacrés au « siècle de Louis XIV ». Dans l’aile du midi, ce sont la Révolution, l’Empire et les Régimes du XIXe siècle qui seront évoqués autour de la salle du Congrès, qui symbolise la conclusion républicaine de cette tumultueuse histoire…
Homepage du site du Musée de l'Histoire de France, ©
S’agissant du projet voulu par le Président de la République, je suis persuadé que c’est par la désignation d’une personnalité compétente, capable d’ouvrir une très large concertation à ce sujet, que sera inaugurée la phase de réflexion décisive. J’imaginerais très volontiers aussi qu’avant d’engager des propositions définitives, on se donne la possibilité et le plaisir de produire quelques expositions temporaires qui permettraient, sous forme d’essais, d’explorer toute la complexité de l’exercice. Ce parti pris permettrait aussi de convoquer quelque uns des éléments les plus significatifs de notre mémoire historique qui se trouve aujourd’hui à l’étranger. Rêvons par exemple de voir un jour La Liberté guidant le peuple de Delacroix, Liberté dont le sein est maternellement dénudé, présentée en face de La Vierge à l’enfant de Jean Fouquet conservé au Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers, Vierge magnifique, aux traits dit-on d’Agnès Sorel, montrant elle aussi un sein gauche généreusement dénudé. Dans ces expositions ce sont les mythes et les réalités de notre pays qui se croiseraient et s’interrogeraient. Cet exercice serait à la fois historique et poétique !
Benoît XVI
Benoît XVI réintègre les quatre évêques consacrés « schismatiquement » par Mgr Lefebvre, que l’un de ces évêques persévère dans des déclarations négationnistes ne rend pas ce petit groupe bien fréquentable. Cela dit, ce que révèle cet épisode c’est le remarquable archaïsme d’un pape qui rêve d’une papauté d’un autre temps, par son style, par son action, par sa parole. En lui c’est parfois Pie IX qu’on croirait revoir.
Lors de la visite de Benoît XVI à Paris, j’avais été invité aux Bernardins pour entendre le discours du pape sur la culture. En fait, ce fût une classique réflexion sur la raison et la foi, grand sujet scholastique à peine revisité par la prise en compte des avancés de la pensée et de la recherche critiques des deux derniers siècles. Je suis cependant bien conscient du dilemme terrifiant qui se présente à l’Eglise. Ou Elle accepte d’engager une redéfinition théologique, morale, ecclésiastique de son enseignement et elle s’expose à renier ce qui, pendant des siècles, a fondé sa personnalité et son autorité. Il y a fort à penser qu’elle se dissoudrait dans ce processus critique. Ou bien Elle campe de manière ferme sur la ligne de ses traditions et de ses doctrines et prend le risque de se marginaliser progressivement au sein de sociétés que le mouvement de la civilisation aura portées sur d’autres bords. La voie d’une réforme est étroite. Jean XXIII, Paul VI l’avait explorée. Elle semble aujourd’hui oubliée.
Cher Monsieur,
Je ne puis que regretter que vous, à qui il arrive parfois de dire des choses très intelligentes ne soyez ici capable que des poncifs cathophobes les plus creux et les plus haineux.
De toute évidence, vous ne puisez ici votre inspiration que dans une animosité puissante à l'encontre de la religion catholique.
Le principe de réserve et la séparation de l'église et de l'état ne devrait-ils pas vous interdire de vous en prendre à la première religion de ce pays, surtout si c'est par voie de généralisations aussi ignares ?
Avez-vous pris la peine de vous informer des déclarations du Saint-Siège en matière d'environnement, de bioéthique ou de développement durable ? Elles sont de très loin en avance sur leur époque.
L'indigence de votre jugement sur le discours des Bernardins, l'un des textes les plus profonds de notre époque, est atterrante.
Faut-il en conclure que pour vous la pensée n'existe que lorsqu'elle est strass et paillettes, vantée par un attaché de presse une coupe de champagne à la main ?
Méditez donc ce mot du philosophe Gustave Thibon, qui semble en ce qui vous concerne d'une rare pertinence : "Etre dans le vent est une ambition de feuille morte."
Rédigé par : furgole | 28 janvier 2009 à 17:32
Monsieur "Furgole",
Sans partager les convictions politiques de cet ancien ministre de la culture, je constate à la lecture de son blog, qu'il est bien un homme sensible au passé, d'une grande culture, et d'une certaine philosophie qui n'a rien à envier à la pauvre pensée d'un acariâtre oubliant les ravages du Saint-Siège sur la liberté de parole et surtout celle de vivre.
Alors cessez là ces diatribes d'une autre temps ou tenez votre propre blog.
Cordialement.
Matthieu Grand d'Esnon
Rédigé par : Grand d'Esnon | 29 janvier 2009 à 22:17
Cher Monsieur "d'Esnon",
Permettez-moi de relever la superbe contradiction qui émaille vos propos.
Tout d'abord, vous vous posez fermement en défenseur de la liberté de parole.
Quelques mots plus loin, vous m'invitez fermement à ne plus m'exprimer ici.
Au nom de la liberté de parole sans doute ?
Rédigé par : furgole | 30 janvier 2009 à 04:54
Pour ma part je ne regrette pas de vivre dans un Etat laïc libéré du Syllabus (http://lesbonstextes.ifastnet.com/pixsyllabus.htm) et de Quanta Cura (http://www.salve-regina.com/Magistere/PIE_IX_quanta_cura.htm), oeuvres majeures du pape Pie IX.
Réaffirmons et actualisons sans honte les idéaux des Lumières, face à la place que les médias incultes et démagogues redonnent aux obscurantistes de tout poil !
Rédigé par : Un humaniste | 30 janvier 2009 à 12:22
S'agissant des Lumières, n'est-ce pas ce bon Voltaire qui a dit : "Le peuple est à mi-chemin entre l'homme et la bête"?
A tout prendre, l'humanisme de Pie IX n'était pas si mal que cela.
Pour vraiment connaître Voltaire, et non la version soigneusement expurgée (genre "Oeuvres choisies de Lénine") qu'en donne l'Education nationale, je vous conseille l'oeuvre remarquable de Xavier Martin (Voltaire méconnu, Editions Dominique Martin Morin, 2005).
Fin connaisseur de la littérature des Lumières, l'auteur nous en fait découvrir les richesses contrastées.
Aussi, sur le même sujet, vous pourriez lire avec profit l'ouvrage du rabbin Jakob Talmon "Les Origines de la démocratie totalitaire" (Paris Calamnn-Levy 1966) qui montre combien les deux grands totalitarismes du 20e siècle trouvent leur source dans l'oeuvre de Jean-Jacques Rousseau, et en particulier dans le Contrat Social.
Rédigé par : furgole | 30 janvier 2009 à 16:38
Imbéciles
Rédigé par : Grand d'Esnon | 04 février 2009 à 20:36
Cher Monsieur Grand d'Esnon,
Merci de votre sympathique, mais péremptoire interjection.
On est toujours l'imbécile de quelqu'un.
Rédigé par : furgole | 04 février 2009 à 21:14